Chronique d’une photographe névrosée
Les dernières heures avant un mariage sont hyper stressantes pour les mariés. Peaufiner les derniers détails, avoir de petites déconvenues, angoisse sur la météo et la fameuse time line…
Très souvent, ils partagent avec moi, leur photographe de mariage, leurs angoisses, au fil de leurs mails, de leur coup de téléphone… De mon côté je ne leur dis jamais que moi aussi j’angoisse, pourquoi aller en rajouter une couche. Le top 10 des pires phrases à dire à des mariés : « alors, pas trop stressé ? » à laquelle ils pourraient très justement répondre sur un ton sarcastique : « Ben non Cxxnasse…j’ai juste passer un an à organiser cette journée dans les moindre détails, pourquoi je serai stressé(e) ! » avec le regard qui tue…
Bon, c’est vrai certains ne stressent pas, comme mes jolis mariés de Riom, mais ils restent une exception !
Chronique d’une photographe névrosée : Je n’aurai pas d’indigestion
Et moi dans tout cela et bien je stresse aussi ! Et oui, comme un musicien avant de monter sur scène, un mélange d’angoisse et d’excitation. Je croyais qu’au fil des années cette boule au ventre s’estomperait, mais non, et finalement c’est pas plus mal. C’est peut être ce qui me pousse toujours plus loin dans la recherche, la créativité, la composition… Et j’ai appris à vivre avec, à apprivoiser cette peur, à tel point que si un jour elle disparaissait je me demanderai sérieusement si je dois continuer à être photographe de mariage. Peut-être qu’il sera temps de trouver une nouvelle voie qui me fasse autant vibrer qu’aujourd’hui.
Pour ne pas non plus être en panique derrière mon appareil, le jour des mariages, j’ai mes petites habitudes pour décompresser. Des gestes qu’on fait et qu’on refait, qui sont inutiles mais qui rassurent. Bien sûr je check mes appareils photos sous toutes leurs coutures, les cartes mémoires sont formatées et reformatées, triées dans un ordre bien précis. Je vérifie ma trousse de secours perso : tic-tac, petite cuillère, ciseaux, mouchoirs, briquet et un « gri-gri » à la con mais parfois il ne faut pas chercher plus loin que ce que te dicte ta conscience.
Ensuite une petite vérification sur le planning des mariés, les horaires, les lieux… Je mets tout dans mon (mes) GPS. Les numéros de téléphone des mariés et de leurs témoins. Et je mange toujours la même chose, de la même marque pour ne pas risquer une petite indigestion, ce serait quand même dommage.
La danse de la joie
Et pour finir je me pose sur mon mac en mode décompression. Je gratte sur Facebook, Instagram, Pinterest… et My wed ! Alors My wed c’est un communauté de photographe du monde entier dans lequel il y a une sorte de classement. Ta position dans la liste des photographes dépend du nombre de j’aime qu’obtiennent tes photos (seuls les autres photographes peuvent « voter ») mais aussi du Saint Graal : les choix des éditeurs ! Une récompense attribuée à certaines bonnes photos !
Et là hier, je me connecte après mon train train habituel et je vois un petit drapeau rouge sur une, puis deux, puis trois de mes photos… Wow, danse de la joie, grand sourire incontrôlable qui te fait mal à la mâchoire mais tu ne peux pas t’arrêter…
3 « Editor choice », c’est indescriptible, j’en perd mes mots, mes 3 premiers d’un coup comme ça !!! C’est une reconnaissance de mon travail, c’est plus que de la joie, c’est aussi un instant de sérénité intérieure, une petite voie qui te dit : « Félicitation ! Tu as bien bossé ! ». Ça fait un bien fou, pendant un moment tout s’arrête, tu planes sur ton petit nuage et tout est bonheur autour de toi !
Tout est possible
Voilà, merci à tous mes jolis mariés sans qui rien ne serait possible ! Un super photographe Juya Gentil dit souvent « Todo es possible ». Je me le dis souvent intérieurement, de l’auto persuasion et là j’ai eu la sensation de l’avoir touché un instant…
Bon, j’aurai pu appeler cet article « mes 3 editors choice », « la veille d’un mariage je stresse », « jamais sans mon grigri »… mais je ne sais pas si vous auriez ouvert cet article et lu jusqu’au bout. Alors pas trop déçu ?